Dans les grandes villes ou les petits villages

Dans les grandes villes ou les petits villages

de SANTIAGO à CHILOE (Chi)

Du 18 aout au 3 septembre

 

 

Bon alors, je viens de passer un peu plus de 2 semaines avec nos globe-trotters. Premier élément important pour nous tous … ils vont bien ! On avait des nouvelles évidemment, quelques photos voire des vidéos (pour ceux qui étaient au mariage de la sœurette) ; mais rien ne vaut l’expérimentation sur le terrain … et on en a vu du terrain ! Une chose est sûre, ils ont la bougeotte !


Laissant en Provence femme et enfant - rencontrer Chrystel et Rémi dans leur habitat naturel est à ce prix -,  je m’envole de Paris, direction l’aéroport de Santiago. Amoureusement, ils avaient préparé un petit carton « Señor Nicolas Deveaux ». La multiplicité des sorties en a tué l’effet, je les découvre de dos. Après s’être retournés, ils m’annoncent qu’ils ne sont pas seuls … Laissé à l’écart pour ne pas troubler les retrouvailles, nous l’avons vite rejoint. Son nom Bryan, il allait nous accompagner pendant tout mon séjour. C’est une charmante petite camionnette aménagée ; un appart sur roues entièrement graffé dans une fresque mêlant apologie de la boisson et couleurs du Chili.

Dans l’heure, on part, cap au sud.  Attention à la méprise, « au sud » veut dire : vers le froid. J’ai quitté quelques heures auparavant la Provence caniculaire pour arriver en plein hiver et faire cap vers le cercle polaire Antarctique dans une boîte de conserve d’un autre âge !


Première halte de nuit dans une station service d’autoroute au côté de moteurs de camion tournant toute la nuit pour que le chauffeur dorme un peu au chaud.

Le jour suivant, nous découvrons notre premier volcan chilien et approchons du « presse-citron » (petit nom que nous lui avons donné) qui trône au milieu d’un parc national que nous comptions traverser. « Comptions » car nous sommes assez vite arrêtés par la neige. La route n’était déneigée qu’à moitié. La nuit tombant, nous nous arrêtons, bricolons un petit feu avec des branches mouillées et dormons dans Bryan. Outre le froid, nous découvrons la condensation du petit matin. Dehors la neige, dedans la pluie.

Le lendemain, nous contournons le parc pour Pucon et le Villarica, un volcan fumant impressionnant dans sa grande masse blanche parfaite. Nous passons, tout d’abord, la nuit en périphérie de Villarica « city » où nous avons sûrement été témoins d’un trafic de drogue : rencontre en pleine nuit de voitures suspectes, torches longuement braquées dans notre direction. Ca excite l’imagination ! La suite, Pucon donc. On reste quelques jours au pied du volcan. Dormant successivement, au bord d’un lac, dans une auberge sympathique puis sur le parking de cette même auberge. Au programme : VTT et raquettes avant d’oser braver le géant.

Lever 4h45 pour y être au pied au plus tôt. Malheureusement, un nuage cache le volcan et décidons d’attendre dans l’incertitude que celui-ci nous laisse voie libre. ½ h plus tard nous partons, les pieds dans la neige et le sac bien chargé : nous portons chaussures et ski/surf. Les différentes pauses sont les bienvenues et les forces reviennent vite pour repartir vers le sommet. La montée est sans grande difficulté technique. Dans une zone plus pentue que nous abordons bien de côté, la marche est plus pénible. Nous n’avons pas chaussé nos crampons et le sol se dérobe à chaque pas, la neige étant posée sur de la glace. Pour compliquer le tout, le vent est fort et les bourrasques nous déséquilibrent. Concentré sur mon pas et ne pouvant retenir des jurons, je pense à Chrystel derrière moi avec son aile/planche de surf dans le dos. Les guides nous arrêtent au plus fort du vent et la neige soufflée nous fouette le visage. Un des 2 guides passe en contrebas et déclenche une avalanche qui me fait douter de leur professionnalisme. Les conditions ne sont pas bonnes, ils décident d’arrêter l’ascension.  Et maintenant redescendre, chausser nos skis. La veille Rémi m’avait conseillé, en professionnel, de prendre des chaussures bien serrées : que le pied ne bouge pas. Les chausser dans la boutique avec de bonnes conditions de chauffage et un sol dur sous les pieds est une opération assez facile. La neige avait rempli nos chaussures de ski - nos pieds, gonflés par la marche -, le sol se dérobait, le tout dans des conditions où sortir une main nue était rapidement douloureux. Sans l’aide de Chrystel, je crois que Rémi y serait encore et ne serait retrouvé qu’au printemps ! Les jambes en coton dans la poudreuse, je fais la descente sans aucun style et me rassure (ou pas) avec la descente « chasse-neige » du guide. Chrystel assure, bien qu’une chute lui fera gonfler le nez quelques jours (ça ne m’a pas sauté aux yeux sur le coup mais sur les photos … !). Rémi jure sur le loueur, déchaussant à chaque virage. Le soir, choc thermique, nous nous retrouvons dans l’eau surchauffée d’une station thermale ...  pchhh !


Après une bonne nuit réparatrice, direction l’Argentine. Je vous passe : le col enneigé, les pins incroyables que l’on ne trouve qu’en altitude, un lac gelé, la frontière, les premiers vautours, la route semi-désertique qui mène à la région des lacs - ça serait trop long. Je ne peux pas ne pas vous raconter la route des 7 lacs. C’est une route moyennement praticable qui croise quantité de lacs (les plus perspicaces auront trouvé le chiffre 7) plus beaux les uns que les autres : « à couper le souffle » dixit le Lonely Planet. Des couleurs incroyables passant du plus pur miroir à la couleur émeraude des mers coraliennes jusqu’au bleu/vert canard WC … irréel - je sais ça fait rêver. Mais le tableau serait incomplet si je ne vous en racontais l’écrin. Imaginez du gris. Toute la région est recouverte de sable. La forêt est très abimée, les branches cassant sous le poids. Les habitations et campings ne sont que des ombres, le temps arrêté. Même la neige toute fraiche est recouverte d’une fine couche grise. L’éruption du volcan chilien cet été a recouvert la région. Une ville touristique que l’on croise s’est vidée de 70% de ses habitants. A cet endroit, la couche atteint 30 à 40 cm, les chemins sont impraticables, les routes vers la frontière bloquées. Des tas de sable dont ils ne savent que faire encombrent les abords des routes. On ne peut rien faire dans la région et décidons de nous diriger vers Bariloche et ses parcs très réputés. Une fine couche de cendre ne nous empêche pas de profiter de paysages grandioses et sauvages. La région semble se partager à parts égales les montagnes et les lacs. Quelques points de vue nous en donnent la dimension. Au menu : marche, télésiège, canoë, camping sauvage puis auberge très sympa.

 

La suite : retour au Chili. La route des 7 lacs dans l’autre sens sous la neige, frontière, ferry, routes « nids de poules », autoroute, nuit station service, ferry à nouveau pour l’île de Chiloé. Le tout en une journée et demi … Une énorme boucle imposée par notre ami le volcan (les routes bloquées vers la frontière pour ceux qui suivent). 


A Chiloé l’attraction majeure, c’est les manchots. Nous avons tout risqué pour en apercevoir quelques uns. Bryan étant à 2 doigts de s’enliser plusieurs fois. Nous apprenons bien vite que ce n’est pas la saison mais l’observation de nombreux autres oiseaux et animaux ont fait ma joie. Vautours, hibou des marais, nombreux passereaux, limicoles, loutres ( ?), otaries, et j’en oublie beaucoup. Une nature sauvage préservée, des villages culturellement riches avec leurs maisons faites de tuiles de bois peintes aux motifs jamais semblables. Ses églises d’inspiration européennes mais tout en bois, ses locaux sympas et leur marché artisanal, leurs ports. Je n’ai pas raconté la recherche de nuit d’un coin pour poser Bryan, loin des tumultes de la ville. Son enlisement et l’heure d’effort pour n’arriver à rien. L’arrêt d’une voiture passant miraculeusement par là et ne pouvant rien faire. La recherche d’une maison voisine, le 4x4 sauveteur et la nuit passée sur le parking du port. Un petit resto à base de viandes et fruits de mer nous donne des forces pour repartir vers le ferry et explorer une nouvelle région.


Nous faisons une petite halte à Puerto varas pour rejoindre de nuit un nouveau parc avec lacs et volcans (il y en a partout, c’est la saison !). Au réveil, quand on ouvre la porte du van, le paysage est magnifique. Pour le petit-dej’, on déplace Bryan jusqu’à la plage. Devant nous un lac immense, un volcan fumant, une chaine de montagnes ... « à couper le souffle ». Le spectacle est de courte durée. Une immense couette de pluie recouvre déjà le paysage et une marche vers un panorama ne suffira pas à faire revenir le beau  temps. On est trempés et nous séchons dans un hôtel de luxe (le seul ouvert à 100 lieues à la ronde) un chocolat chaud entre les mains et nos affaires devant le feu. Nous laissons à regret la région et reprenons la route pour trouver une auberge à Puerto Varas. Nous nous promettons d’y revenir si le temps le permet. Le lendemain, il ne pleut plus et le plafond nuageux est un peu remonté. Nous ne verrons pas le volcan mais pouvons grimper dessus. Nous posons Bryan au plus haut, la vue est impressionnante et le vent violent. Impossible de marcher : trop dangereux. Nous redescendons pour voir une cascade sautant une coulée de lave figée. Nous nous baladons dans une forêt aux allures tropicales et retournons bien vite à Puerto Varras pour que je fasse mes 12h de car, une visite éclaire à Santiago et 13h d’avion pour retrouver Diane et Philo qui m’ont bien manqué.


Voilà 2 semaines bien remplies. Je remercie encore Chrystel et Rémi de m’avoir laissé partager leur vie et d’avoir fait autant de choses avec eux. Profitez en bien !

 

 

Nicolas



18/09/2011
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